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Son enfance, sa jeunesse

 

     Édouard Maubert naît à Calais, rue de la Cloche, le 30 janvier 1806. Il est le premier enfant de Pierre Edouard Alexandre Maubert dont la famille, originaire de Thiers en Auvergne, vient s'établir dans cette citée , rue Royale, en tant que maître coutelier marchand, aux environs de 1775.


     Sa mère, Rosalie Catherine Joseph, née Juhé, appartient à une famille possédant une certaine notoriété. A l'origine des Juhé, Bourgeois de Paris, son grand père Jacques Juhé résidait alors rue Montmartre proche de l'église St Eustache. Dans l'ascendance de Rosalie, on trouve Joseph Juhé, secrétaire du commandement général de la province de Franche-Comté. Elle est également apparentée aux Crosnier, maîtres mercier "en charge pour le Roi" à Versailles, par son oncle Pierre Juhé,  marié à Elisabeth Crosnier.

     De son enfance à Calais, on sait qu'Edouard Maubert évolue dans un milieu d'artisans qualifiés, créateurs et indépendants, dont il gardera sans aucun doute cette rigueur et cette précision scientifique qui s'avèreront fort utiles dans la pratique du dessin botanique.

     De ses débuts de peintre dans sa ville natal à ses premiers travaux édités à Paris, Edouard Maubert suit une filière d'apprentissage qui est à ce jour encore mal connue.

     On pense que Marie Louise Vanderpuyl (1776-1839) et son père Gérard Vanderpuyl (1750-1824) originaires d’Utrecht, miniaturistes spécialisés dans le portrait, enseignant le dessin à l'Académie de Calais, ont contribué à la formation d'Edouard Maubert. Pour sa maîtrise de l'aquarelle, on suppose que sa technique est certainement complétée par Louis Francia (1772-1839), peintre calaisien qui acquiert sa renommée en Angleterre en tant que Secrétaire de la Société des aquarellistes et peintre du duc d’York.

 

 

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Vue du Vieux Thiers sur la Durolle

 

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Eglise Notre Dame de Calais

 

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Rue Royale à Calais

Ses relations calaisiennes

      Trois hommes, acteurs majeurs de la vie locale, vont peser sur sa destinée et très probablement tracer le chemin qui le conduit au Jardin du Roi à Paris et par là même, au Muséum d'Histoire naturelle

      On retrouve Louis Francia, bien connu des sociétés savantes et des éditeurs parisiens, qui a « l’oreille de la famille d’Orléans » et Antoine Leleux, Président de la Société d'Agriculture, éditeur, imprimeur du roi et propriétaire rue Royale de la plus grande librairie calaisienne. Il est aussi le fondateur de deux hebdomadaires locaux, "l'Indicateur de Calais" puis "l'Industriel Calaisien".

      Son oncle, Mathias Maubert directeur et professeur d'une école de Musique rue de la Comédie  influence fortement sa vie quotidienne. Ce dernier membre de la Société philharmonique calaisienne, n’hésite pas à utiliser sa plume, entre 1825 et 1833, dans les rubriques de Louis Francia pour le Journal de Calais et l'Industriel calaisien. De là, Edouard Maubert n'a qu'un pas à franchir pour s'établir à Paris.
 

 

 

 

 

 

 

 

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Journal de Calais  - 1829 -

L'aventure parisienne

      Évoquer Édouard Maubert, sans le replacer dans un contexte historique serait incomplet.

      En France, le XIXe siècle est marqué par la révolution industrielle naissante qui va métamorphoser progressivement le paysage européen. Au-delà, le prodigieux essor des sciences, la connaissance et l'engouement spectaculaire pour la botanique et l'horticulture, deviennent l'enjeu de toute une société désireuse de changer son environnement et son quotidien. C'est dans ce foisonnement d'idées et d'activités nouvelles, que des collections nombreuses se forment de tous côtés, et que des plantes nouvelles apportées des pays les plus lointains viennent chaque jour faire l’ornement des serres et des jardins.

     La vie d'Edouard Maubert va évoluer dans ce contexte. « La peinture de fleurs » ne sera pas sans influer sur son avenir.

     L'orientation que prend la vie d'Edouard Maubert l'oblige, en 1837, à quitter Calais à l'âge de trente ans pour tenter sa chance à Paris.  Il s’installe tout d’abord, dans le 5e arrondissement, rue Copeau, milieu des artistes et des étudiants, puis au numéro 22 bis rue du Marché aux Chevaux à quelques pas du Jardin des plantes. Au numéro 33 de la même rue, Jacques Julien Margottin (1817-1892) rosiériste reconnu, cultive ses célèbres Roses, dans ce quartier de Paris qui est alors un grand centre horticole.


     

 

 

 

 

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rue du Marché aux Chevaux

aujourd'hui Geoffroy St Hilaire


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Jardin des plantes
extérieur des serres 1842

Un parcours au service de la Science

     Dès lors, les choses vont vite. A partir de 1838, son talent retient l'attention et lui vaut d'être admis auprès d'une communauté de botanistes au cœur du Muséum d'Histoire naturelle dirigé alors par Eugène Chevreul, et au sein de la Société Royale d'Horticulture fondée en 1827, sous l'impulsion du Vicomte Héricart de Thury (1776-1854).

     Cette période extrêmement féconde pour le peintre botaniste lui vaut le statut de "peintre d'Histoire naturelle".

     Cette collaboration est ainsi confirmée par de nombreuses illustrations sous la direction des plus éminents scientifiques du XIXe siècle qu'ait compté le Muséum : J.J. Auguste Loiseleur Deslongchamps (1874-1849), Charles d'Orbigny (1806-1876), Charles Lemaire (1800-1871), Joseph Decaisne (1807-1882).... Parmi eux, au statut bien établi, Maubert allait se creuser une place respectable.

     De véritables monuments encyclopédiques sont réalisés. On peut citer un de ces premiers grands ouvrages, le Dictionnaire universel d'Histoire naturelle (1842-1861), comportant de nombreuses planches de botanique in folio gravées sur cuivre ou sur bois et coloriées, exécutées de sa main.

     Mais, ce qui devait faire valoir à Edouard Maubert une réputation quasi européenne, fut les iconographies qu'il illustra. La collaboration Lemaire - Maubert donnera l’Iconographie descriptives des Cactées" éditée chez H. Cousin

      Puis, le belge Jean Jules Linden, célèbre "chasseur d'orchidées" présentera la "Pescatorea" ou L'Iconographie des orchidées (1854 à 1860).

      En portraiturant de façon rigoureuse le monde végétal toujours en accord avec le discours scientifique, il dessine les Atlas faisant partie des 17 volumes du "Règne végétal" sous la direction des botanistes et professeurs de la faculté de Médecine : Herincq, Dupuis, Reveil et Gérard.
 

 

 

 

Muséum d'Histoire naturelle

 

Iconographie descriptives des Cactées

Pescatorea

 

Le Peintre des Roses

      Mais la rose, maintenant sa position séculaire de "Reine des Fleurs", ne pouvait échapper au pinceau d'Edouard Maubert. Il en fera l'une de ses plus belles réalisations.

     Les portraits effectués par Edouard Maubert sont d'une délicatesse extrême et équivalent (dépassent diront certains), le travail du très justement admiré Redouté (1759-1840).

     Edouard Maubert utilise l’aquarelle aux dégradés subtils et montre alors que cet art peut saisir les nuances variées et fixer l’éclat et la fragilité des fleurs. Il ne se contente pas de les peindre dans son atelier, il se déplace le plus souvent sur site pour décrire avec précision les richesses parfois éphémères de ces jardins.

     En 1844 un recueil de cent Roses, intitulé « Le Choix des plus belles Roses » présentait l’élite des rosiers peints grandeur nature sur vélin. Ce recueil était le compendium de l'ouvrage réalisé par P.L.A. Loiseleur Deslongchamps consacré à la Rose : " La Rose, son histoire, sa culture, sa poésie ".

     En 1867, son rôle dans le deuxième édition des « Fleurs animées » de Grandville est sans nul doute la confirmation de la place qu'il occupe dans l'illustration botanique française à cette époque.

     En 1873, il illustre en partie le recueil Roses et Rosiers, édité par Eugène Donnaud à Paris.

 

 

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Le règne végétal

 

Peindre à l'aquarelle

     Sa technique, l'aquarelle sur dessin au crayon reproduite ensuite par gravure sur cuivre ou sur bois fut la meilleure technique pour représenter le plus fidèlement possible la nature. Son but, atteindre une perfection d'analyse : la tension de la plante, ses couleurs, ce qui est important pour la reconnaître, la caractériser.

     Dans le dépouillement de ses planches, la plante est représentée de face dans l'espace qui lui est réservé. Rien ne doit troubler l'analyse naturaliste. Le peintre s'accorde un jeu d'ombre et de lumière délicat sur les pétales ou sur les feuilles pour le rendu des modèles qui, retouchés, colorés à la main, sont rehaussés à la gomme arabique pour donner plus d'éclat.

 

 

                                                                                     

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Planche du Règne végétal

                                                                              

Un artiste aux multiples talents

     Mais n'allez pas imaginer qu'Édouard Maubert n'est qu’un peintre de rose ! Parcourir son œuvre c'est feuilleter de superbes livres d'images où quantités de fleurs sont représentées et auxquelles ne manquent que les fragrances.

     Le talent Maubert ne se restreint pas à l'art du dessin botanique : excellent artiste zoologue, il reproduit à la fin de sa vie les portraits de la faune de différents continents ;  le cap Horn, le Mexique et Madagascar pour lesquels on a dépêché des missions scientifiques et mis en œuvre de grandes expéditions.

     Son fils et élève Gabriel Louis Édouard Léon Maubert (Paris 1853 - 1911)  qu'il initie très tôt à la peinture et à la sculpture sur bois, partage avec lui l'illustration de certains de ces ouvrages pour le Muséum d'Histoire naturelle.

     On remarquera également la fraîcheur d'une Vierge représentée dans une couronne de fleurs intitulée « Notre Dame des Épines fleuries ».  La délicatesse du trait de pinceau modelant ici un bouton de fleurs, la nervure ou encore un insecte, là une goutte de rosée, confirme la diversité de leur talent. On y retrouve leur signature "Maubert père et fils" notamment pour le Journal des Roses (1877-1814)…

     La fin de sa vie est toute entière occupée à cette tâche et en tout état de cause, les fleurs ont toujours inspiré Édouard Maubert.

     Il décède le 30 avril 1879 dans son appartement parisien, 15 rue de Buffon dans le 5e arrondissement, alors qu'il continuait de peindre sa dernière rose, intitulée "Charles Margottin ", à l'intention du Journal des Roses.

      Il a accompli une œuvre importante dont une vingtaine d'ouvrages majeurs pour de nombreux savants. La majorité est conservée dans les collections publiques.

 

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Zoologie

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La Vierge aux épines fleuries -1876-

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Rose Charles Margottin –1879-